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Des gènes de résistance aux antibiotiques dans l’air au-dessus de l’Atlantique Nord
Publié le 21 octobre 2025 – Mis à jour le 22 octobre 2025
Cette étude s’intéresse à la présence et à la diversité des gènes de résistance aux antibiotiques, appelés ARG, dans les aérosols présents au-dessus de l’océan Atlantique Nord.
Des échantillons d’air ont été collectés à bord d’un voilier lors d’une traversée entre Brest, en France, et Woods Hole, aux ?tats-Unis. Pour cela, les chercheurs ont utilisé des systèmes de filtration à bas et haut débits installés sur le m?t, capables de capturer les particules en suspension dans l’air.
Les concentrations en bactéries et en 21 types de gènes de résistance, représentatifs des principales familles d’antibiotiques, ont été mesurées à l’aide d’une technique de biologie moléculaire appelée qPCR. Ces résultats ont ensuite été comparés à la diversité bactérienne déterminée par le séquen?age des gènes ribosomaux, qui servent à identifier les différentes espèces de bactéries, ainsi qu’à l’origine géographique des masses d’air calculée gr?ce à des modèles atmosphériques.
Les concentrations totales de gènes de résistance varient fortement, allant de quelques copies à plus de 100 000 copies par mètre cube d’air. Près des c?tes, les gènes associés à la résistance aux macrolides et aux tétracyclines, deux grandes familles d’antibiotiques, sont majoritaires et représentent respectivement jusqu’à 93 % et 38 % des gènes détectés. Plus loin au large, les chercheurs ont trouvé des gènes conférant une résistance aux sulfamides, une autre classe d’antibiotiques largement utilisée. En revanche, les gènes liés aux transposases, qui permettent à certains fragments d’ADN de se déplacer dans le génome, et ceux associés aux bêta-lactamases, des enzymes capables de dégrader des antibiotiques comme la pénicilline, n’ont été observés que de manière ponctuelle.
Les analyses indiquent que certains gènes de résistance proviennent probablement du continent et sont transportés par les masses d’air. ? l’inverse, la présence de gènes de résistance aux quinolones, au-dessus de l’océan ouvert, suggère une origine marine. Cette hypothèse est renforcée par les liens observés entre plusieurs gènes de résistance et des micro-organismes vivant dans l’eau, notamment les cyanobactéries.
Ces dernières pourraient donc constituer de véritables réservoirs naturels de gènes de résistance et participer à leur diffusion à grande échelle dans l’environnement, notamment par la voie aérienne.
Ces travaux de recherches ont été menés par Florent Rossi, Caroline Duchaine, Elo?se Le bras, Cindy Dumais , Nathalie Turgeon , Marc Veillette, Jean-Luc Baray (OPGC / LaMP) , Pierre Amato (LMGE)
Publié dans la revue Science of The Total Environment