Publié le 22 avril 2022 Mis à jour le 3 avril 2023
Figure : Cartographie des fractures dans les villes de Goma et de Gisenyi (avant, pendant et après l’éruption du Nyiragongo le 22 mai 2021) issue de la mise en place d’un système participatif.
Figure : Cartographie des fractures dans les villes de Goma et de Gisenyi (avant, pendant et après l’éruption du Nyiragongo le 22 mai 2021) issue de la mise en place d’un système participatif.

Brève scientifique.

Résumé

Le développement d'une société résiliente est un défi majeur à la vue de la croissance de la population mondiale et des risques naturels auxquels elle doit faire face.
Le 22 mai 2021, la population locale de Goma (République Démocratique du Congo) et de Gisenyi (Rwanda) a été surprise et effrayée par l’éruption du volcan Nyiragongo et par une sismicité marquée les jours suivants, occasionnant une importante fracturation et laissant craindre une possible ouverture d'un nouvel évent éruptif au sein des zones urbaines.
Le 24 mai 2021, l’activation par les services du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) d'un numéro de téléphone vert a permis à la population de géoréférencer les fractures et les anomalies gazeuses/thermiques affectant la zone. Ce travail fut fondamental pour permettre aux scientifiques, arrivés quelques jours plus tard, et aux autorités d'évaluer les risques associés. L’analyse des gaz échantillonnés a notamment montré que le dégazage à travers les fractures n’était pas directement lié à un potentiel transfert magmatique sous les zones urbaines, mais était plus probablement d'origine superficielle. De manière surprenante, ce travail participatif a révélé que les premières fractures étaient apparues plusieurs semaines avant l'éruption sans que leur ouverture n'ait été détectée par le système de surveillance local. Cela souligne avec force la nécessité pour les scientifiques et les autorités publiques d'ancrer la science citoyenne dans les stratégies de surveillance de demain. Elle parait d’autant plus fondamentale pour les territoires au sein desquels
(i) le déploiement d'un réseau de surveillance opérationnel multidisciplinaire est difficile et (ii) la participation de la population aux systèmes d'alerte peut significativement améliorer sa résilience face aux futures catastrophes naturelles. L’approche participative est également fondamentale en période d'urgence, lorsque le manque de communication peut exacerber des tensions contre-productives entre les différentes parties. Cela fut évident après l'éruption du Nyiragongo en mai 2021, mais également récemment pour d’autres provinces volcaniques (e.g., Vulcano, Stromboli en Italie ; Mayotte en France) au sein desquelles la mise en ?uvre de restrictions d'accès suite à des changements notables dans l’activité volcanique, des conditions dangereuses ou encore une communication limitée ont pu être mal per?ues par la population locale.